Pierre-Alain Chambaz | DELHI: PREMIER MÉTRO ÉCOLOGIQUE AU MONDE

DELHI: PREMIER MÉTRO ÉCOLOGIQUE AU MONDE

Delhi Metro
Delhi Metro
Avec ses routes encombrées de voitures, de motos, de vélos, de camions, derickshaws (tricycle) et même parfois d’éléphants, l’arrivée du métro à New Delhi a révolutionné les moyens de transports de la ville et transformé la vie de plusieurs millions d’Indiens.
Opérationnel depuis 2006, le métro de Delhi dessert 142 stations et circule sur 190 km, dans et autour de la capitale. Il possède 6 lignes, fait 2700 trajets quotidiens entre 6 et 23h et transporte près de 2,5 millions de passagers.
 Programmé en quatre phases, la Delhi Metro Rail Corporation vient d’enclencher sa troisième. Elle prévoit la pose de 120 kilomètres de rails, dont 40 sous terre, et reliera à la capitale, des zones encore rurales situées en périphérie. Elle a aussi pour objectif l’amélioration des issues de secours et la sécurité des passagers dans le métro. Cette Phase III s’achèvera en 2016 et devrait permettre d’accueillir près de 4 millions de voyageurs.
A la pointe de la technologie, le métro de Delhi possède des équipements du dernier cri : large wagon, air conditionné, écran tactile, etc. Les Nations Unies l’ont désigné premier métro écologique au monde pour son utilisation de techniques de réduction des émissions de carbone. Sa construction a permis la diminution du niveau de pollution de 630 000 tonnes de carbone chaque année et le nombre de voitures de 91 000 véhicules chaque jour.
En Inde, la construction de métros bat son plein. Après les mégalopoles de Delhi, Bombay, Calcutta, Bangalore et Madras c’est au tour des grandes villes indiennes telles que Pune, Hyderabad et Ahmedabad de s’en doter.
SANCHI : MERVEILLES DE L’ART BOUDDHISTE
A environ une heure de route de Bhopal dans le Madhya Pradesh, se trouve Sanchi, un incroyable site bouddhiste datant de plus de 2000 ans. La religion s’étant éteinte, celle-ci a néanmoins laissé derrière plusieurs merveilles qui nous rappellent l’ère majestueuse du bouddhisme en Inde.
Lorsqu’on arrive à Sanchi, une ambiance particulière nous entoure. Une aura mystique et apaisante nous insuffle un sentiment de paix et de bien-être.
Sanchi se situe à 68 km de Bhopal, dans l’état de Maharashtra. C’est un lieu unique du fait qu’il possède plus d’une cinquantaine d’édifices (stupas, monastères, temples, piliers) bien conservés et qu’il permet de découvrir en un seul site l’essence même de l’art bouddhiste et ses diverses formes et évolutions depuis près de 1500 ans.
Pourtant Sanchi est une cité qui  ne représente aucun évènement particulier dans l’histoire du bouddhisme. Notre première interrogation est donc de comprendre comment cette cité a réussi à conserver ses trésors architecturaux.
Les monastères sont en général toujours situés près d’une ville car les moines avaient pour obligation d’aller mendier chaque jour. D’un autre côté, les prières et méditations qui rythmaient la vie de ces derniers rendaient impossible la construction d’un monastère au coeur de la ville. Ainsi l’empereur Ashoka vit en Sanchi, situé dans la prospère cité de Vidisha, un lieu idéal pour donner forme à son nouveau zèle pour le bouddhisme. La richesse de ce site bouddhiste est en partie dû à la piété et au soutien de la communauté mercantile vivant autour de la ville. Sanchi se situe, en effet, à la confluence de deux rivières : Betwa et Bes et de routes commerciales assurant la prospérité de l’empire des Mauryas.
Ashoka Maurya (273- 236 avant J.-C.) fut un des plus célèbres souverains bouddhistes de l’Inde. Son empire s’étendait de l’Afghanistan jusqu’en Inde et il régna pendant 40 ans. Il envoya des missionnaires bouddhistes partout en Inde, à Ceylan, en Syrie, Egypte, Macédoine, etc. Et c’est en partie grâce à lui que le bouddhisme est devenu une des principales religions en Inde.
Avec le déclin du bouddhisme, le site fut abandonné et ce n’est qu’entre 1912 et 1919, que les structures ont été restaurées.
Notre première vue à l’horizon : une énorme forme ovale qui surplombe la colline. Il s’agit du  stupa principal construit par l’empereur Ashoka. Cet édifice est la plus ancienne construction de pierre en Inde. Elle mesure 36,4 mètres de diamètre et 16, 4 mètres de haut. Avec son dôme hémisphérique, le stupa était utilisé à l’origine comme monticule pour couvrir les reliques de saints.A l’origine du bouddhisme, Bouddha n’était pas représenté directement mais à travers des éléments symboliques comme l’arbre Bodhi ou son empreinte de pied. Le stupa évoque plusieurs symboles: celui de l’ascension et de la fin du cycle de renaissance : le Parinirvana. ou encore le cosmos: sa forme hémisphérique représente le monde.
Alors que nous prenons le chemin de procession pavé construit autour du stupa, et malgré un silence absolu, nous imaginons  les prières de millions de pèlerins ayant emprunté cette même route. Chaque recoin recèle des écritures sacrées gravées dans la pierre. Un fragment de pilier taillé dans du grès porte le célèbre édit d’Ashoka, mettant en garde contre le schisme dans la communauté bouddhiste.
A la fin de l’empire Maurya, le site fut repris par les moines et autres fidèles qui édifièrent un certain nombre de monuments à partir du milieu du 2ème siècle avant J.-C.  Les Sungas qui régnaient alors agrandirent le stupa d’Ashoka et y ajoutèrent des balustrades.
Autour du stupa se tiennent plusieurs portes d’entrée ou toranas. Celles-ci sont richement sculptées. La porte est conte l’histoire du Bouddha et son voyage initiatique. Siddhartha Gautama  (563 – 483) était le fils d’un gouverneur local. A l’âge de 29 ans, il décida de renoncer au monde et se consacra à la méditation. Il prêcha son premier serment à Sarnath près de Bénarès.
La porte ouest présente les sept incarnations de Bouddha. La porte nord, couronnée par une roue, évoque les miracles associés à bouddha. La porte sud dépeint la naissance de Gautama. 

Le pilier d’Ashoka se tient près de la porte sud. C’est un fin exemple du style artistique de l’époque. Vu de loin ou de près, ses proportions esthétiques et son incroyable balance structurelle sont impressionnantes.
Ce n’est qu’à partir de l’ère Gupta au Vème siècle, que le site connut un renouveau de ses activités. Après avoir conquis la région, les Guptas offrirent la paix et la prospérité, essentielles au développement de l’art. Les ateliers de Sanchi se mirent alors à vendre des images de bouddha. La période Gupta à Sanchi se reflète à travers un temple aux proportions parfaites et au style épuré, simple et sans ornements.
Un édifice construit dans un bloc de pierre se trouve sur la place centrale, c’est un endroit où l’on stockait la nourriture lors des pèlerinages.  Un peu partout, on trouve des formes carrées tracées sur le sol et destinées à la méditation.
Les raisons de la fin de l’établissement bouddhiste à Sanchi sont encore floues. Aucun monument bouddhiste n’a été construit au 13ème siècle. D’un autre côté, un grand nombre de plaques brahmaniques contenant des représentations de Vishnu, Ganega, Mahishasuramardini ont été retrouvées. Nous ne savons pas si les Bouddhistes ont simplement déserté les lieux ou s’ils ont graduellement perdu leur force vitale pour maintenir leur individualité, succombant ainsi à la puissance brahmanique, une des causes principales de l’extinction du bouddhisme sur sa terre de naissance.
(publié dans le Magazine INDES)